dimanche 18 avril 2010



Un trio latukois dans l’Aviation royale du Canada

Jacques Lavoie – Léo Ménard – Hervé Tremblay

En 1954, à 18 ans, je quittais la maison de mes parents, érigée depuis des décennies sur ce bout de rue appelé, jusqu’à l’année précédente, «le Pied de la montagne» (1), et auquel on a donné finalement le nom de rue Élizabeth. Belle attitude de colonisés : c’était le nom de la nouvelle «chef »du dominion du Canada. Ce n'était pas nouveau : la ville compteit déjà une rue Kitchener, bizarrement nommée en l’honneur d’un maréchal britannique !

Comme le chômage était élevé et que les emplois, plutôt rares, j’ai pensé que m’engager dans l’Aviation pourrait être un façon d’apprendre un métier, en plus de pouvoir y perfectionner mon anglais et, surtout, d ‘avoir l’occasion de voir du pays.

Journée de ma promotion, Saint-Jean-d’Iberville, le 10 juin 1954.

1. Saint-Jean-d’Iberville, Québec

Mon séjour dans les forces aériennes a commencé à Saint-Jean-d’Iberville.

Là, j ‘ai rencontré deux autres gars de La Tuque : Léo Ménard et Jacques Lavoie, qui, par la suite, seront bien connus de la population d’ici pour leur implication dans le milieu.

Le trio latukois dans ses quartiers, révisant ses notes de cours :

Hervé Tremblay, Léo Ménard, Jacques Lavoie. Saint-Jean-d’Iberville, 1954.

Le premier sera annonceur à CFLM, la station de radio qui ouvrit ses ondes en octobre 1959; le second fera dans l’immeuble, après avoir travaillé à l’usine de la Canadian International Paper, la C.I.P. Et il fera une courte carrière publique à l’hôtel de ville.

J’ai donc passé six mois à Saint-Jean pour y apprendre l’anglais, y recevoir ma formation militaire base, apprendre à tirer !

Hervé Tremblay et Jacques Lavoie chez l’oncle de ce dernier, à Cornwall, en Ontario.

Hervé Tremblay et Léo Ménard, sur la rive de la Richelieu, 1954.

2 Borden, Ontario

Hervé Tremblay et Jacques Lavoie, à Cornwall, en Ontario, 1954.

Pendant les six mois que j’ai passé à Borden, j’ai suivi des cours de mécanique, en «air frame», disait-on, à l’époque. Il s’agissant d’apprendre à réparer la structure d’avions à partir de matériel neuf ou usagé.

Léo Ménard et Hervé Tremblay devant le restaurant Dundas, à Montréal, 1954.

3. Portage La Prairie, Saskatchewan

Avec des camarades francophones (Lévesque, Dubé, Doucet, Pellerin), devant le mouvement commémoratif de la Première Guerre mondiale, à Saint-Boniface, au Manitoba.

En Saskatchewan, à Portage La Prairie, il y avait des pilotes venus d’un peu partout, des militaires appartenant au pays de l’OTAN qui venaient s’y entraîner.

C’est là que j’ai pu mettre en pratique mes cours de mécanique. Cependant, nous, jeunes apprentis, nous étions appelés aussi à remplir toutes sortes de besognes, depuis celle de jouer aux pompiers jusqu’à la récupération des restes d’humains décédés lors d’un écrasement d’avion.

Ce qui m’intéressait surtout, c’était d’apprendre les méthodes d’enquête pour devenir policier militaire. J’aurais bien aimé faire partie de ce corps, mais j’ai dû déchanter, car j’étais trop jeune… Il fallait être âgé de 21 ans pour devenir M. P.

C’est ainsi que j’ai demandé à être démobilisé.

4. Borden

Je suis finalement retourné à Borden pour y être démobilisé.

Mon expérience dans l’Aviation m’a appris que les francophones n’y avaient pas vraiment leur place. Ils avaient beau se classer le plus souvent au tableau d’honneur pour toutes sortes de raisons, le climat n’était pas favorable au fait français. Nous étions dans la RCAF !

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Le NCSM Shawinigan. Timbre Émis par Postes Canada en 1998.

À Portage-La Prairie, j’avais fait la connaissance d’un type de Shawinigan, Gaétan Pelletier. Voilà que je me rappelle de ce bateau, une frégate de la Marine canadienne, qui portait le nom de cette ville et qui a été l’objet d’un timbre, en 1998.

En service de 1941 à 1944, le bâtiment coula, avec son équipage de 91 matelots, dans le détroit de Cabot, au large de Terre-Neuve, le 24 novembre 1944, torpillé par un sous-marin allemand.

Le NCSM La Tuque

Écusson de la frégate La Tuque.

Je ne sais pas si ces marins, qui ont servi sur la frégate La Tuque, de 1941 à 1944, quand on l’a remodelée pour en faire le Fort-Érié, ont jamais su où était située cette ville.

Le Fort-Érié a été envoyé à la casse en 1966.

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Léo Ménard

Originaire de La Tuque, Léo sera annonceur à CFLM de 1963 à 1968, avant d’être engagé par CJMS, la station mère du réseau Radiomutuel, à Montréal. Il y restera 14 ans avant d’occuper d’autres fonctions dans le domaine de la radio.

Léo a animé une émission sur la pêche et la chasse. Ici, dans le studio de CFLM,

entouré d’un filet et d’une canne a pêche et coiffé d’une casquette, il prodigue ses conseils à ses auditeurs.

Concours de dessins d’enfants à l’occasion de Noël. Vers 1965.

Les trois photos de Léo sont tirée de «Projections 1979», publication de l'Écho de La Tuque.

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JACQUES LAVOIE

Jacques Lavoie et Hervé Tremblay, sur une bûche plus que centenaire, à Cornwall, en Ontario.

Jacques Lavoie a longtemps travaillé à l’usine de la C. I. P., avant de se lancer dans le domaine de l’immobilier.

Le 2 novembre 1963, il fut élu échevin du quartier 3, en remportant l’élection, par 154 voix, sur ses deux adversaires : Yvon Messier et Yvon Renaud. En septembre 1973, il annonce qu’il fera la lutte au maire sortant Lucien Filion. Odin Olsen, défait en en 1967, sera également de la course.

Jacques donne des conférences de presse, lance un journal, qu’il distribue de porte en porte. Tout cela bien en vain : le 4 novembre, dépouillement des votes. Jacques, avec 14,6% des votes (713), est bien loin de Filion (77,3%, 3793 votes), et devance Olsen (8,1%, 399 votes).

En 1977, dans son livre Histoire de La Tuque à travers ses maires (page 180), Filion écrit que la campagne de Jacques avait pris des allures de la fable de La Fontaine, «La Grenouille et le Boeuf».

Jacques Lavoie, en route, sur le pouce, vers La Tuque.

Archives d’Hervé Tremblay.

Page publicitaire parue dans le cahier spécial de L’Écho de La Tuque «75 – C’est plein d’avenir… La Tuque 1911-1986», publié le 17 juin 1987.

Merci à Françoise Bordeleau de m'avoir rappelé la parution de ce placard.

Jacques va s’impliquer dans les Cadets de l’Air, de même que l’un de ses employés, Jean-Claude Houle.Jacques est décédé il y a quelques années.

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(1) Deux résidants de cette artère, simplement désignée sous l’appellation de «Pied de la Montagne», sans numéro civique, sont répertoriés dans le bottin de juillet 1949 de la Cie de téléphone La Tuque Falls Que. Il s’agissait de Jos Régnier (117s2) et d’ Aurélien Cantin (117s4)... Ding ! Dong ! Sonnez 2, sonnez 4 !

En 1988, Télébec, qui s’était portée acquéreur de La Compagnie La Tuque Téléphone, choisissait une toile de Jean-Guy Des Lauriers pour illustrer la couverture de ses bottins régionaux.

« Si La Tuque m’était contée », œuvre de Jean-Guy Des Lauriers, 1985.

SOURCE : Quatrième de couverture du cahier de L’Écho de La Tuque,

publié le 17 juin 1987.

C’est ainsi que cette scène représentant la fameuse montagne qui a donné son nom à la ville s’est retrouvée sur la page de couverture de plus 220 000 bottins, distribués un peu partout à travers le pays du Québec.

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COMMENTAIRE REÇU

Jacques Dufour me précise qu'il a été le partenaire d'entraînement à la boxe de Jacques Lavoie.

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